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Le domaine OBORA, l'histoire d'un double lancement

L’histoire d’une rencontre, d’un double lancement et d’un duo qui relate dans nos verres ce que le Beaujolais a de plus moderne.

Photo @ChloéCourbière – Portait d'Hugo & Angela @Buveurdevin

Table des matières

Hugo Foizel et Angela Quiblier, vigneron et vigneronne du domaine OBORA, à Chénas et Juliénas, dans le Beaujolais. C'est l’histoire d’une rencontre, d’un double lancement et d’un duo qui relate dans nos verres ce que le Beaujolais a de plus moderne, dont je vous parle aujourd’hui. Je les suis depuis leurs débuts et je me suis entretenue avec Hugo pour mieux retracer leurs débuts et comment ils ont envisagé leur lancement professionnel en tant que vignerons.

D’où venez-vous, Hugo et Angela ?

Hugo : Je suis originaire de la Côte des Bars dans l'Aube. J'ai un peu toujours baigné là-dedans puisque tous mes copains étaient des fils de viticulteurs. L’été, je travaillais à la vigne après le lycée. Angela vient du Jura, de parents non-viticulteurs mais dans l’agroalimentaire, avec une culture vigneronne quand même. On a toujours baigné un peu là-dedans, et on a vraiment été piqués en arrivant à l’âge où on commence à pouvoir boire du vin. Chacun de notre côté, on s’est lancés dans des études dans le vin.

Votre rencontre, c’était où, quand, comment ?

J’ai démarré dans le commerce, mais je rêvais d’extérieur, donc je me suis ensuite orienté vers un BTS viticulture et œnologie à Avize, puis je suis allé jusqu'au diplôme d’œnologie à Dijon.

C'est là qu'on s'est rencontrés avec Angela. Elle venait d’Amérique du Nord et rentrait en France pour poursuivre ses études. C'était la fac au croisement de la Côte des Bars et du Jura. À 23 et 24 ans, on se retrouve dans la même classe et on se met ensemble dans la vie. On évoque le fait de créer un domaine ensemble plus tard, ou pas. Tout est encore bouillonnant à ce moment-là, et se lancer à deux dans le boulot et dans le couple posait aussi des questions. Donc les idées fusaient, mais tout restait ouvert. Je travaillais en parallèle pour le Domaine de la Romanée-Conti à ce moment-là, donc j’aurais pu envisager de rester aussi. Pendant le stage en entreprise, à cheval entre la première et la deuxième année, Angela travaillait chez Ludivine Griveaux, aux Hospices de Beaune. Et une rencontre a engendré notre premier tournant.

Raconte-nous ce virage.

Pendant son stage aux Hospices, Angela a croisé la route de Thibault Liger-Belair, vigneron du domaine éponyme à Nuits-Saint-Georges, dont la réputation n’est plus à faire. En tant qu’acheteur fidèle, il venait goûter en amont de la vente des Hospices.

À ce moment-là, Thibault lançait le projet des Jeunes Pousses.*

(* Le projet des Jeunes Pousses, initié en 2019 par Thibault Liger-Belair, vigneron de la Côte de Nuits, et Ivan Massonnat, propriétaire du Domaine Belargus en Anjou, est une pépinière à Émeringes, dans le Beaujolais, offrant à de jeunes viticulteurs l'opportunité de gérer un domaine de 5 hectares en agriculture biologique pendant trois ans, de la production du vin à sa vente.)

Tout était déjà bien ficelé : la maison, les vignes, le chai, il ne manquait plus que la vigneronne. Ils souhaitaient mettre en avant le travail d’une femme. Le profil d’Angela semblait correspondre, Thibault lui propose de venir bosser un peu à la vigne pour les vendanges 2019 à Nuits-Saint-Georges avec lui, et d’en reparler ensuite.

Juste le temps pour nous deux d’aller faire un tour à l’été chez Marie-Thérèse Chappaz, en Suisse, pour faire la partie viticole, puis la voilà partie au domaine Thibault Liger-Belair.

Le projet des Jeunes Pousses bottait bien Angela, mais 5 hectares, ça paraissait beaucoup pour une personne seule à ses débuts. C’est à ce moment-là qu’Angela me propose de me lancer avec elle. Thibault et Ivan ont accepté qu’on se mette à deux sur le projet.

Finalement, c’est vraiment là que l’idée de monter un domaine plus tard ensemble a commencé à germer, et on s’est dit que ce premier départ aux Jeunes Pousses était une incroyable opportunité de se tester dans un vignoble « neutre », ni la Champagne, ni le Jura. On partait d’égal à égal, et on aurait trois ans pour voir comment le fait d’avoir une activité professionnelle ensemble pouvait fonctionner sans engendrer l’ensemble des prises de risques qu’il y a à monter son propre domaine (en termes d’investissements et d’infrastructures).

On avait trois ans pour voir venir et se réinventer. Et tu vois, on est en 2025 et on est toujours ensemble, dans le Beaujolais, avec notre propre domaine aujourd’hui.

À quel moment est survenue la deuxième rampe de lancement, celle qui vous a permis de voler de vos propres ailes ?

On n’avait pas trop prévu de réfléchir à la suite pendant le projet des Jeunes Pousses. Le coin nous plaisait bien, on s’est fait assez vite un réseau professionnel dans le Beaujolais et, petit à petit, on a développé une clientèle qui s’est habituée à nous. Donc rester dans la région devenait une option, tous les feux étaient au vert et, mine de rien, ni Angela ni moi n’étions loin de nos régions d’origine.

Je passerai sur la période 2020, le confinement, car si tout était au vert, la période était tout de même délicate en termes de commerce et de rencontres. Aucun salon, pas de rencontre au domaine... Bref, on a passé quelques nuits blanches, mais la période est passée et les choses ont redémarré.

Le deuxième tournant, c’est vraiment la rencontre avec le vigneron Paul-Henri Thillardon, début 2021, à peine un an après notre arrivée à Émeringes. Il nous a mis en face d’un choix de vie à faire. Peut-être un peu précipité ? On ne sait pas, en tout cas, c’est le genre d’opportunité qu’il aurait été bête de ne pas saisir. Il laissait ses 2 hectares de vignes en bio en métayage, à Chénas, sur les parcelles « En Papolet », en plein cœur de l’AOP. Le tout venait avec la cuverie. Pas de loyer à payer, juste à redonner une partie de la récolte au propriétaire. On a sauté sur l’occasion, même si la charge de travail s’annonçait corsée avec les Jeunes Pousses.

Comme on le dit souvent, ce n’est pas tous les jours qu’on nous présente de si belles rampes de lancement. Nous, on en était à la deuxième de nos débuts de carrière. On a signé en mars 2021 et c’était parti pour notre domaine à nous.

En 2022, on termine les Jeunes Pousses, on récupère des vignes en plus (7 hectares au total aujourd’hui) et on commence notre croissance.

Pourquoi OBORA ?

Ça paraît tout bête, mais trouver un nom de domaine, ce n'est pas facile. Dans notre situation, on ne récupérait pas une entreprise, donc pas de nom à reprendre. Nos noms de famille, Foizel et Quiblier, ne sont pas simples à prononcer, encore moins à l’international. On s'est dit qu'il fallait trouver un nom de marque qui puisse se vendre aussi bien en France qu’à Los Angeles et Tokyo.

OBORA est né. C’est le croisement d’Aube (O), d’où je viens, de Beaujolais (BO), où nous sommes, et de Jura (RA), d’où vient Angela. Le nom marche bien et symbolise notre histoire.

Un double début réussi pour ce duo de vignerons qui assument pleinement la modernité de leurs jus. Les vins sont fins, digestes mais ne manquent pas de corps, le fruité croquant du gamay est à l’honneur sur les beaux terroirs de Juliénas et de Chénas, que demander de plus ?

Retrouvez une interview de ce duo de choc sur le podcast Le Bon Grain de l'Ivresse

Leslie Brochot

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