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Perso, si j’avais eu à me lancer seule il y a 7 ans dans le projet de constituer ma cave à vin, en partant de rien, eh bien je crois que je ne l’aurais pas fait. Vous allez me dire que c’est assez peu encourageant pour un début d’article. Car oui, se lancer dans la constitution d’une cave à vin peut sembler intimidant, mais heureusement nous sommes là pour vous donner quelques idées lumineuses, et le tout sans dépenser l’ensemble de vos deniers.
Avec un peu de méthode, quelques astuces ou une amie dans le métier, vous pourrez assembler une sélection aux petits oignons, tant d’un point de vue “qualité de vin” que “respect du porte-monnaie”.
La règle d’or : savoir ce qu’on aime boire.
Alors ça vous paraît peut-être un chouille naïf ce que je vous raconte, mais alors le nombre de personnes autour de moi, de vous, de nous, prêtes à se jeter sur ce que l’on appelle dans le jargon “une étiquette” est élevé. Une étiquette, c'est-à-dire une cuvée d’un domaine connu, et avec en général le prix exorbitant qui va avec, ou en tout cas trop cher pour ce que c’est. Ces gens finalement se retrouvent avec un vin qu’ils ne connaissent pas vraiment, dont ils ne perçoivent rien de la personne qui donne vie à ce vin, et qui parfois malheureusement n’est même pas à leur goût.
Triste, non ? Mais tellement fréquent.
Donc, avant tout : on se demande ce qu’on aime et ensuite on part sur les traces de nos pépites à mettre en cave.
La règle d’argent : définir si votre cave sera de consommation immédiate ou pour faire vieillir.
Ce serait trop facile de faire plouf plouf et de décider de l’avenir d’une bouteille sans en connaître les caractéristiques. Le monde du vin est formidable de complexité, dont celle de produire des vins taillés pour la garde, mais pas toujours. Alors si vous ne voulez pas vous retrouver au bout de 10 ans avec une caisse de ce si charmant sauvignon tendu et frais dans sa jeunesse, devenu au mieux le sosie gustatif d’une bouteille d'Hépar infusé au pamplemousse, renseignez-vous auprès des professionnels du vin sur les qualités de garde ou non d’un vin avant de lui attribuer une place à l’étage nommé “à boire dans 10 ans”.
La règle qui soulagera votre porte monnaie.
On sort des appellations connues de nos parents et de nos grands-parents. Actuellement, en 2025, pas une seule région de France, je dis bien pas une seule, ne sait pas produire de grands vins. Alors rangez vos idées reçues si vous en avez, sortez votre GPS et prolongez la route en délaissant la Bourgogne sur votre gauche et le bordelais sur votre droite. Enfin, arrêtez-vous quand même prendre quelques caisses dans les appellations comme Castillon Côtes de Bordeaux, Sainte-Foy Côtes de Bordeaux ou encore Rully ou Bouzeron en côte chalonnaise, ou toutes ces jolies appellations qui ne font pas la une des buveurs d’étiquettes, la liste est longue.
Que l’on remonte la France ou qu’on la descende, les grands vins sont partout. Je vous communique trois régions que j’ai en ligne de mire en ce moment pour renforcer mes équipes en cave.
Le Jurançon : fabuleuse région aussi sauvage qu’accueillante. Les vins en AOC Jurançon (vin blanc doux et vin blanc sec) et d'AOC Béarn (vin rouge et vin rosé), sont, de manière assez homogène, de vraies bombes. Les blancs particulièrement.
Petit et gros manseng comme cépage maîtres des lieux. Tension aromatique et sapidité au rendez-vous. Mais que l’on ne s’y trompe pas, en sec comme en liquoreux, certains de ces vins peuvent s’oublier un paquet d'années. À regoûter 10 ans plus tard pour se délecter des notes d’évolution qui oscillent de l'asperge délicate à la pâte de coing. J’ai dans ma cave les vins du Domaine de Cabarrouy et Domaine Castera, un must have. Si vous êtes de bons chercheurs, je vous laisse mettre la main sur les fabuleux manseng de Jean-Baptiste Semmartin du Domaine Lajibe, des bijoux.
Je vous conseille aussi de faire entrer les vins du domaine Château Lafitte et du domaine Camin Larredya, deux fers de lance du Bearn, le prix va avec. Enfin pour cet été, découvrez la bulle rosé du domaine Coustarret.
La Côte Roannaise et les Côtes du Forez dans la Loire volcanique : je ne vais pas vous mentir, en ce moment c’est probablement la région où je me régale le plus côté rouge. Du plaisir charnu de leurs gamay Saint Romain à prix de pote. J’aime ces vins rouges taquins, à la fraîcheur fruitée qui n’a d’égal que sa belle structure dodu et digeste.
Je vous recommande évidemment les vins du domaine des Pothiers, du domaine Sérol dans le Roannais ou les Vins de la Madone dans le Forez. Clairement indispensables à avoir en cave en quantité. Pour la consommation immédiate, puis pour plus tard, si vous arrivez à tenir. Mais allez aussi rencontrer les plus jeunes vignerons qui font bon. Je pense au domaine du Tafret, domaine Reniteo ou encore la Cave Verdier Logel.
L’Alsace : pour toute sa gamme de vins sublimes, mais en particulier pour ses crémants. Du style vif et sans chichi parfait pour débuter une conversation de comptoir, à des crémants vieillis 114 mois sur latte (oui oui, le domaine Valentin Zusslin en produit pour la modique somme de 39€ TTC). L’Alsace, on la connaît mais pas assez. Alors go !
Après, honnêtement, c’est dur de réduire à si peu d'appellations, alors voici en vrac quelques AOP que j’ai dans ma cave, qui méritent votre attention : Menetou-Salon, Sancerre – mais ça, vous connaissez, Coteaux-du-vendômois, Chinon, l’Anjou évidemment, les crus du Muscadet sans hésiter, Mercurey, Arbois, Montlouis-sur-Loire, les Terrasses du Larzac, IGP Côtes Catalanes… et j’en passe.
Ça s'achète où le vin à glisser en cave?
Ma reco : privilégiez les achats direct domaines, auprès des vignerons ou dans des foires aux vins, on n’est jamais à l’abri d’une belle découverte à prix doux. Les cavistes indépendants sont également de bons conseillers, certains proposent des sélections pointues à des tarifs raisonnables, surtout si vous n’habitez pas à Paris. Et franchement les box de vins, qui permettent de recevoir chaque mois des bouteilles soigneusement choisies, souvent issues de petites productions confidentielles, c’est une super option. C’est comme ça que j’ai commencé. Avec les box de Chai d’Oeuvre et la superbe sélection de Manuel Peyrondet.
Derniers conseils avant de partir
Le stockage : les vins doivent être conservés couchés (surtout s’ils ont un bouchon en liège) et à l’abri de la lumière et des vibrations. Une température stable autour de 12-14°. C'est idéal pour permettre aux vins d’évoluer correctement. Le mieux c’est la cave souterraine, mais sinon un petit investissement dans un meuble cave à vin, c’est un peu le minimum en vrai, surtout si vous faites l’effort de chiner un peu vos bouteilles.
Prenez le temps : l’idée n’est pas d’acheter tout en une seule fois, mais de faire évoluer votre cave progressivement. Testez, dégustez et prenez des notes pour affiner vos goûts. N’hésitez pas à diversifier votre sélection en explorant de nouvelles régions et cépages. Vous pourrez ainsi enrichir votre cave au fil des découvertes et des opportunités.
Leslie Brochot
