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Donald Trump est bien occupé depuis son retour à la Maison Blanche le 20 janvier dernier. Outre des ordres exécutifs de haute importance tels que la réinstauration des pailles en plastique ou le souhait de faire de Gaza le Club Med du Moyen-Orient, le président américain a semé la zizanie politique en lançant l’assaut sur les droits de douanes.
Les acteurs nationaux du secteur de l’alcool l’avaient anticipé avant son entrée en fonction : Les importateurs faisaient des réserves depuis la fin d’année 2024, avec un bon notable dans les commandes de vins italiens et notamment de Prosecco (+40%). C’était bien vu, car Trump n’a pas perdu de temps ; dès les premiers jours de son mandat, le nouveau président a lancé l’offensive économique, d’abord auprès de ses voisins canadiens et mexicains, qu’il accusait de laxisme dans leur lutte contre l’immigration clandestine et le trafic de drogue.
Le libre-what… ?
Trump a imposé initialement une taxe de 25% sur une panoplie de produits phares (ainsi que 10% à son grand méchant rival, la Chine). Le Canada a riposté avec une taxe équivalente sur certaines importations en provenance des États-Unis, et notamment sur l’alcool (ici, Au Comptoir, c’est vraiment tout ce qui nous intéresse). En démonstration de force, les provinces canadiennes frontalières ont ordonné dans la foulée le retrait de toutes les marques d’alcool américaines des étagères. Wait, no more Jackie D ?! TaberNAK !!!
Début février, retournement de veste ; Trump suspend finalement pour 30 jours l’entrée en vigueur de cette hausse suite à un effort diplomatique éclair de la part de ses voisins.
La fin du mois arrive, le monde s’agite. Le 4 mars, la taxe de 25% entre en vigueur comme prévu (et les Chinois écopent désormais d’une taxe doublée à 20%)… pour être à nouveau levée deux jours plus tard pour le Mexique et le Canada. La semaine suivante, Trump impose une nouvelle taxe sur l’ensemble des importations mondiales d’aluminium et d’acier. La tension monte de quatre crans. Taaabernak…
Entre dans l’arène l’Union Européenne, brandissant des mesures de représailles économiques en proposant une taxe sur les produits industriels et agricoles américains, dont le whisky. Et alors là, le Trump il fait une syncope – ‘mais pourquoi on m’écoute pas euh !’ S’en suit une partie de Uno à sens unique : carte +4, suivi de carte +4, puis carte changement de couleur et carte changement de sens rouge – le Uno prend feu !!! Et Donald menace l’UE avec une taxe de 200% sur les vins, champagne et spiritueux.
La situation rappelle 2019, lorsque Trump avait déjà imposé une taxe de 25% sur certains vins et spiritueux français. À l’époque, cette taxe avait coûté des parts de marché significatives à la France, au profit d’autres pays comme l’Italie. Les États-Unis étant le plus gros importateur de nos vins (22 % des exportations, un joli 3,6 milliards d’euros de CA), la filière souffrirait amèrement d’une nouvelle guerre économique – et 200% sur tous les produits de la filière à travers l’UE relèverait d’une rupture sans précédent avec un partenaire commercial historique et conséquent.
Au vu d’une telle escalade du conflit, la Commission Européenne avait choisi de repousser à la mi-avril la potentielle mise en vigueur de ses contre-mesures, le temps de concerter tous ses membres et espérer qu’outre-Atlantique la raison passe rendre visite à Donald (spoiler alert: peu d’espoir).
Le 2 avril, jour fatidique que Donald a intitulé 'Liberation Day' (toujours plus), le président annonce une liste de taxes appliquées à la terre entière - même ces deux petites îles inhabitées au large de l’Antarctique. Ils vont pas nous la mettre à l'envers ces pingouins !!! L'Europe écope d'une taxe de 20%, l'Afrique du Sud 30%, la Nouvelle-Zélande, le Chili, l'Australie et l'Argentine, 10%. Tous les vignobles trinquent. Désormais, l'heure est à la réflexion.
Alors oui, le vin va coûter plus cher aux américains. Mais on rejoint Michel Chapoutier qui a prononcé à Vinexpo en février vouloir “Make America Drink Again!”. Encourageons tout de même les Américains à boire en magnum. Voire en Jéro ? Voire en Mathusalem ?! Au vu de leur gouvernement, 4 ans, ça va être long, et du vin ils vont en avoir bien, bien besoin.
Affaire à suivre.
Lara Edington