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Du Prosecco… sans Apérol !

Dans la famille des bulles, je voudrais - le Prosecco !

Photo @DianeSouquiere

Table des matières

L’été, c’est fini depuis longtemps. Les bouteilles d’Apérol ont pris le chemin du placard qui sert également à stocker la crème solaire, le jeu de pétanque, les casquettes Ricard et les transats (c’est un grand placard). On les ressortira l’année prochaine. Par contre, on garde ses bouteilles de Prosecco sous la main. Mais, si ce n’est pas pour en faire un sacro-saint Spritz, on en fait quoi de ces bouteilles ? Plusieurs options…

Si vous les avez achetées en vue de lui prédire une destinée de Spritz, il y a de fortes chances pour qu’elles vous aient coûté moins de 10 € chez Carrefour ou Leclerc. Il est également très probable qu’il s’agisse d’un Prosecco dit “DOC”, l’équivalent de nos AOC françaises. Concrètement, ça veut dire qu’on est sur des vignes du cépage Glera cultivées sur des plaines fertiles qui s’étendent à perte de vue autour de Venise. La bulle du Prosecco DOC ne ressemble en rien à celle du Champagne. Elle est obtenue grâce à la méthode dite “Charmat” dans le monde entier, “Martinotti” en Italie : la seconde fermentation, celle qui permet d’obtenir les bulles, a lieu non pas en bouteille comme en Champagne, mais dans de grandes cuves hermétiques. Même concept, différents contenants, vous me direz. Certes. Mais le premier est mis sur le marché quelques mois plus tard tandis que le Champagne reste au minimum 3 ans en cave pour se stabiliser et enrichir son aromatique, et ça, ça fait une grosse différence. Ça permet d’obtenir une bulle fraîche, légère en alcool (11-12° en moyenne), et surtout… pas chère.

On aurait pu s’arrêter là. Mais ce serait ignorer que le système de classification italien ne s’arrête pas aux DOC. Il valorise les cœurs historiques de ses appellations grâce à la distinction DOCG, pour Denominazione di origine controllata e garantita. Si on prend l’exemple du Prosecco, les tout premiers vins pétillants de Glera ont été produits entre les bourgades de Conegliano à l’est et Valdobbiadene à l’ouest. La résultante est la distinction de la DOCG Conegliano Valdobbiadene en 2009 : les 8 000 hectares qui ont vu naître les premiers Prosecco.

Lever de soleil sur les vignobles de la DOCG Conegliano Valdobbiadene

Et ces terroirs-là n’ont rien à voir avec ceux de la DOC. Nous sommes sur des paysages de collines et de forêts, les coteaux des pré-Alpes, parfois très abrupts, notamment du côté du grand cru de Cartizze. Pas moins de 9 sols ont été identifiés, certains étant de pures formations calcaires dans la lignée des Dolomites, d’autres, plus rocailleux, résultant de l’action d’anciennes moraines glaciaires. D’autres encore sont riches en argiles, certains sont sableux ; bref, pour résumer, si vous voulez découvrir le Prosecco autrement qu’en Spritz, c’est du côté de la DOCG Conegliano Valdobbiadene que nous vous conseillons de regarder.

Car le Prosecco a une identité qui mérite de ne pas être effacée par l’Apérol : acacia, poire, pomme verte, citron, parfois miel et amande, d’autres fois glycine, noisette ou hydrocarbure (comme le Riesling quand il prend un peu d’âge). Mais on sait déjà que vous allez avoir la flemme de chercher, alors on a fait l’effort de se rendre sur place pour vous faire notre petite sélection de Prosecco à ouvrir pour les fêtes de fin d’année à moindre prix et à déguster pour ce qu’ils sont, tout en ayant des choses intéressantes à raconter à vos invités. Pour vous les procurer, contactez les vignerons via leur site ou faites-moi un message sur Instagram @dalkia_loves_wine.

Donc, dans la famille des Prosecco DOCG Conegliano Valdobbiadene, je voudrais :

  • Grave di Stecca, de Nino Franco

Pour une vingtaine d’euros, voici un Prosecco… qui peut vieillir ! La maison a été fondée par Antonio Franco (Nino Franco) en 1919, soit l’une des plus anciennes de la région, dont Primo est la troisième génération. Un Prosecco à déguster jeune pour des aromatiques fraîches et légères, à attendre pour des arômes de miel, de blé chaud, de liqueur d’orange et une touche d’amande amère. Dégusté sur les millésimes 2010, 2014 et 2018 ; évidemment, plus vous attendez et plus la bulle est évanescente.

  • Rive di Colfosco, de Montesel

Une petite bombe de plaisir qui a le mérite de ne pas être trop dosée en sucre (3 g/L), ce qui est rare pour la région. On apprécie les notes pâtissières sur la tarte aux poires, l’acacia, la noisette grillée ; ça se boit comme du petit lait — au petit déj y compris. Davide est aujourd’hui à la tête du domaine de 12 hectares, dont 2,5 ha de forêts, un jardin pour la région. La dénomination “Rive” correspond à un terroir identifié de la DOCG Conegliano Valdobbiadene ; avec la mention DOCG nous étions déjà sur la crème, nous sommes désormais sur la crème de la crème.

  • Lei Metodo Classico, de Bellenda

Prosecco = méthode Charmat ? C’est vrai à 95 %, mais figurez-vous qu’il existe quelques vignerons un peu joueurs qui s’essaient à la Metodo Classico, aka : la méthode champenoise. Bellenda en a fait sa spécialité et Lei voit sa bulle naître d’une seconde fermentation en bouteille, suivie d’un vieillissement sur lie de 18 mois avant dégorgement, puis repos sur lattes pendant 6 mois. Rien à voir avec un champagne néanmoins, mais on apprécie sa rondeur, sa complexité, sa tension mordante sur un citron bien juteux, enrobée d’une généreuse gourmandise sur l’orange, la poire, la noisette, la brioche toastée et la crème pâtissière. À carafer pour encore plus de plaisir (si si !!).

Salute !

Par Diane Souquière

Retrouvez notre guide des vins pétillants pour vous repérer au milieu de toutes ces bulles.

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