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Manger et boire. Faire pénétrer en soi des aliments et des boissons. Un geste de base vital pour l’être humain, et pour autant empreint de signification si on y regarde de plus près.
Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es ; dis-moi ce que tu bois, je te dirai où tu vas.
Bref, on ne va pas épiloguer ici sur la philosophie de nos rapports à la bouffe et à l’alcool, quoiqu’un peu de psychologie de comptoir sur le sujet pourrait être intéressant.
Mais on a préféré vous proposer ici quelques accords sensuels.
Chaque sommité d’Au Comptoir a mis son grain de sel dans cet article, et notre invitée du mois Lou Syrah nous fait littéralement décoller les sens.
- Carla-Elle
Une touche de provocation, mais toujours de saison : une asperge verte à tremper dans un œuf à la coque, et un verre de riesling avec un peu d’âge. Idéal lors d’une grasse matinée prolongée.
- Sarah
C'est cliché mais tant pis : en ce qui me concerne, rien n'est plus propice à la sensualité, au rire et à l'amour qu'un champagne brut bien frais. À accorder avec des figues fraîches, tiens. Je vois mal qui pourrait résister.
- Leslie
Un vin de Madère – la cuvée Barbeito Sercial Old Reserve 10 ans – avec la bouche d’un amant.
Une vague de sensualité en bouche, le mordant de ces acidités propres au madère, la gourmandise faite de fruits secs, d’une peau d’abricot confite, d’une noix de macadamia séduisante… chaque gorgée donne envie d'être partagée avec une autre bouche, avec une pâtisserie japonaise moelleuse, comme un daifuku ou un sakura mochi. On mord dedans comme on mord dans une lèvre. Un accord un peu dangereux.
- Marcelle
Un accord sexy et charnu : un panier de cerises potelées et un St Jo' tout en syrah, comme une pelle bien sentie partagée avec un brun aussi ténébreux qu'un fruit noir et mûr.
- Eric
La cuvée Krimiso, vin blanc d’Aldo Viola, avec une burrata fraîche et des tomates. Et un paysage rempli de mer, parce que c’est important l’accord des mets et du vin avec le paysage.
- Diane
Un biscuit rose de Reims trempé du bout des doigts dans une coupe de champagne et léché du bout de la langue avant d'être avalé
- Lara
Un curry thaï, savoureux et épicé, avec la douceur de la noix de coco, et une bière fraîche pour contrôler la température qui risque vite de monter... HOT.
- L’accord sensuel de Lou Syrah
J'avais d'abord pensé au pastis, ou à une anisette classique qui tombe grasse sur la langue, comme tous les liquides un peu laiteux dont la lourdeur rappelle les échanges de baisers.
Mais je pense que le lait doit être réservé pour apaiser le feu d'un désir qu'il faut d'abord consciencieusement alimenter.
S'il s'agit de nourrir une flamme naissante, idéalement, mieux vaut s'affamer un peu plus. Se poster en terrasse, le ventre vide. Être seul·e pour s'écouter ressentir.
Se commander un alcool de feu, catégorie 5. Un élixir qui titre jusqu'à 50 degrés. La boukha, "la vapeur" en arabe, me semble appropriée. Mais à défaut, on peut se contenter d'un ouzo ou de l’arak. Tous portent les souvenirs des nuits du Sud, les fruits divins et les épices méditerranéennes.
Pratique : c'est servi dans des verres minuscules. La fièvre se savoure d'autant mieux quand elle se boit par petites touches.
Quand on est à jeun, l’alcool pommade l'estomac avec une sensation de velours, mais son retour de flamme brûle les lèvres.
Une fois les premiers effets de l'alcool venus, se panser l'estomac avec un labné frais, généreusement arrosé d'huile d'olive. Accompagner d'un khobz dar, pain de semoule pas trop spongieux sur la mie, d'une kesra ou d’une pita pour saucer. Si le pain doit être frais, et idéalement un peu grillé, il est surtout le prétexte pour porter les doigts à la bouche de manière discrète.
Si le labné fait défaut, une brick au thon ou n'importe quel autre cigare börek, pastillas légères sur le pouce qui pourront vous reluire la bouche, croustiller et fondre sous le palais, devraient faire l'affaire. Trois ou quatre textures en une bouchée, c'est déjà un peu le paradis. Et quand tout est fini, les lèvres en brillent encore. On peut passer à la suite.
Régalez-vous bien !
Par la rédaction d’Au Comptoir, avec participation de Lou Syrah